Cet article est en réponse à un commentaire laissé par Matchafa me demandant d’expliquer ma position politique.
À première vue, «communiste» et «libertaire» peuvent sembler contradictoires, mais il n’en est rien. Je suis communiste car je suis en faveur du partage de la richesse et des moyens de production. Or, je n’appuie aucunement les dictatures communistes, les «terreurs rouges». Car je suis une fervente amoureuse de la liberté et je me suis vite aperçue que ce type de régime politique ne la permettait pas. Et j’ai aussi un profond dégoût pour le concept «d’avant-garde éclairée» qui est mise de l’avant par les communistes autoritaires, dont entre autre le PCR (Parti Communiste Révolutionnaire, maoïste). Je trouve cette conception totalement infantilisante. Comme si les hommes et les femmes vivant sur cette planète avaient besoin qu’on leur tienne la main afin qu’ils et elles puissent se libérer et briser leurs chaînes ! La Terre à ce que je sache, n’est pas une garderie !
Bon exit la montée de lait, je retourne au sujet principal de cet article. J’ai employé cet exemple pour illustrer le fait que je suis non seulement communiste, mais aussi anarchiste (ou libertaire). Je suis pour l’abolition de l’État car selon moi, nous n’avons pas besoin d’un gardien au-dessus de nos têtes, afin de pouvoir mener nos vies. Nos gouvernements sont contrôlés par une élite qui se crisse carrément de ce que nous voulons, de nos besoins et de nos désirs. Nous n’avons pas de réel pouvoir. Même si nous pourrions élire un gouvernement de gauche, cette élite s’arrangeait pour que celui-ci renie ses engagements, afin qu’elle ne perde pas ses nombreux privilèges. Avons-nous vraiment besoin des patrons et des proprios ? Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir le choix de ce que nous voulons faire ? Nous ne sommes pas libres, ce n’est qu’une illusion ! Nous vivons avec des chaînes et des colliers qui se serrent autour de notre cou si nous osons parler trop fort.
Tu comprendras donc Matchafa que je ne me porterai jamais candidate à une élection, car je m’oppose au principe d’un gouvernement paternaliste et infantilisant. J’ai déjà voté, mais je ne le ferai plus. Me choisir un maître ? Non merci !
Juste pour ton info, le PCR ne défend pas le concept « d’avant-garde éclairée ». Certains anars rajoutent le mot « éclairée » juste pour tenter de ridiculiser les communistes.
Le PCR défend le concept d’avant-garde. Plusieurs militantEs de le NEFAC défendent aussi le concept d’avant-garde. Je ne vois pas où est le problème.
Tu devrais repenser ton point de vue contre le soi-disant communisme « autoritaire » et « éclairé ».
– Un supporter du PCR
«La NEFAC n’est pas un parti, ni une avant-garde auto-proclamée et nous ne nous voyons pas comme une organisation qui va mener le mouvement anarchiste, encore moins la classe ouvrière, à l’émancipation sociale. Nous reconnaissons qu’une révolution victorieuse ne pourra être menée que directement par la classe ouvrière. Cependant, nous croyons que cela devra être précédé par des organisations capables de radicaliser les mouvements de masse et les luttes populaires, de combattre les tendances réformistes et autoritaires, d’être un forum où les idées et les expériences peuvent être partagées et discuttées par les militantEs, d’être un véhicule donnant l’impact politique maximum aux idées communistes libertaires dans la classe ouvrière.»
http://nefac.net/node/1132
L’établissement d’une «dictature du prolétariat», c’est pas autoritaire !?
J’ai déjà lu le texte que tu as cité (nefac.net/node/1132) et je maintiens mon point de vue. Je suis convaincu qu’il y a des passages dans les documents programmatiques de la NEFAC qui sont faux.
C’est pas parce qu’il y est écrit que la NEFAC n’est pas un parti que c’est vrai! La NEFAC est un parti car elle en a toutes les caractéristiques : un programme, des conditions de membership, une structure hiérarchique, une discipline de parti etc.
Bien sûr, si on compare avec certains partis ML, on peut dire que le programme de la NEFAC est plus court et moins précis, les conditions de membership moins exigeantes, la hiérarchie moins développée, la discipline plus lousse etc. Tout cela est vrai, mais cela n’empêche pas que les grands principes d’un parti restent les mêmes, seule la façon de les appliquer varie.
De ce que j’en comprends (on peut en débattre!), le soi-disant rejet des concepts de parti et d’avant-garde par la NEFAC est en vérité un simple rejet des mots parti et avant-garde, auxquels est attribué une connotation négative. Bref, c’est un tour de passe de passe avec le vocabulaire, qui est fait dans un but propagandiste…
Je préfère les anarchistes qui n’ont pas peur d’appeler un chat un chat, et une avant-garde une avant-garde (comme George Fontenis par exemple, voir http://nefac.net/fr/node/2023).
« L’établissement d’une «dictature du prolétariat», c’est pas autoritaire !? »
Ben.. oui et non, ça dépend du point de vue. C’est autoritaire pour la bourgeoisie et ses alliés, libertaire pour le prolétariat et ses alliés.
Mon point c’est que ça n’a pas de sens de donner l’étiquette « libertaire » ou « autoritaire » à une société de classes (peu importe de laquelle il s’agit), car TOUTES les sociétés de classes sont des dictatures d’une classe sur d’autres.
On ne peut pas en classer certaines dans la colonne « libertaire » et certaines autres dans la colonne « autoritaire », puisqu’on peut dire qu’elles sont toutes « autoritaires »! Ce qui fait que l’opposition autoritaire/libertaire n’a pas de sens pour les sociétés de classes.
Est-ce que tu sais ce qu’est l’anarchisme ? Si oui, tu serais supposé comprendre qu’une organisation anarchiste ne peut être un parti ! Ce que je voulais dire entre autre dans cet article, c’est que les hommes et femmes, dans un contexte révolutionnaire s’entend, n’auraient aucunement besoin d’un quelconque «parti» pour les diriger. Ils et elles sauraient très bien le faire je crois !
« Est-ce que tu sais ce qu’est l’anarchisme ? »
Oui. Je crois connaitre assez bien le sujet.
« une organisation anarchiste ne peut être un parti »
Pourquoi donc ?? Un parti c’est une organisation avec un programme, des membres, et une certaine structure hiérarchique. Le simple fait qu’une organisation nie être un parti et se choisisse un autre titre (fédération, mouvement, whatever) ne change pas la réalité. Si du jour au lendemain je décide de prétendre que mon chat est un chien, il va quand même continuer d’être un chat…
« Ce que je voulais dire entre autre dans cet article, c’est que les hommes et femmes, dans un contexte révolutionnaire s’entend, n’auraient aucunement besoin d’un quelconque «parti» pour les diriger. Ils et elles sauraient très bien le faire je crois ! »
Tu penses qu’il est possible qu’une révolution triomphe de la bourgeoisie et de l’État sans qu’elle soit organisée ? ou est-ce que j’ai mal compris ce que tu veux dire?
Bonjour Arwen,
Merci beaucoup de ta réponse 😀 Ce que tu dis a pleins de bon sense! Parcontre, j’aimerais bien que tu élabores un peu plus. Tu as bien expliqué le problème, mais pour ce qui est de la solution c’est assez vague. J’aimerais que tu m’explique plus en détail ce qu’est la solution anarchiste selon toi. J’aimerais bien comprendre comment tu imagines un pays sans État ou gouvernement, quelle est la structure décisionelle et politique d’un tel pays concretement???
Par exemple, question bien concrete, dans un pays anarchiste, comment prend-on la décision d’attribuer telles et telles terres à l’agriculture, ou quels forêts vont être utilisées pour produire du bois et des pâtes et papiers et lequelles seront laissée à l’état naturelle, ou comment décide-t-on de construire un TGV entre QC et MTL par exemple? et comment on va le construire, ou comment décide-t-on si on doit avoir un tramway à Québec? S’il n’y a pas de gouvernement, quelle est la structure qui permet de prendre de telles décisions? Je serais bien heureux si tu pouvais m’expliquer la structure d’une société anarchiste bien en details selon ta vision des choses.
Car le problème il est assez facile à voir, c’est la solution qui n’est pas claire. Et j’aimerais bien comprendre quelles est la solution anarchiste, car je ne l’ai jamais comprise.
Merci beaucoup,
-matchafa
matchafa.quebecblogue.com
Arwen je partage ton point de vue. L’homme n’a pas besoin de chefs. Il est son seul chef.
La Loi du plus fort fait que les vrais hommes qui se mêlent de leurs affaires doivent devenir esclaves des moins bons, des faibles qui en ont plus.
La bagarre sur Gaïa est entre les hommes qui sont et les hommes qui ont. Les derniers, grçacent au système testamentaire, gagnent depuis des milliers d’années.
Elle ne se résoudra pas cette crise, enfin je ne crois pas.
Pour l’instant, le capitalisme gagne sur tous les fronts. Nous devrons donc attendre que le pendule revienne, il revient toujours, et là il y aura peut-être une analyse utiles des dégats.
Mais nous nous serons morts mon frèèèèèèèère. Salut.
@décembre
Et les femmes dans tout ça?
La NEFAC est-elle un parti, une avant-garde qui ne s’assume pas? Pire, qui cache sa vraie nature? Et bien non.
Maxime dit que plusieurs militantEs de la NEFAC défendent le concept d’avant-garde. Je prétend que c’est faux. Nous débattons ouvertement de ces questions (par exemple iciet ici), nous reconnaissons plusieurs faits qui amènent les marxistes à parler d’avant-garde mais nous ne franchissons pas le pas. Nous défendons le concept de minorité agissante. Ce n’est pas pareil. Pour nous, l’organisation doit être une force de proposition, non de direction. L’acteur révolutionnaire, ce n’est pas l’organisation, mais les contre-pouvoirs de masse qui émergeront lors d’une situation révolutionnaire.
Maxime dit aussi que la NEFAC a toutes les caractéristiques d’un parti, qu’il énumère comme suit: un programme, des conditions de membership, une structure hiérarchique, une discipline de parti. Nous avons bel et bien un programme (minimaliste c’est vrai mais programme quand même), des conditions de membership mais je cherche encore la structure hiérarchique et la discipline de parti. Dans le fond, le camarade semble confondre organisation politique et parti.
Notre structure n’est pas hiérarchique mais fédéraliste et il n’y a aucune structure de pouvoir de type Bureau politique ou Comité exécutif. Toutes les décisions sont soit prises en assemblée –locale, provinciale ou « régionale »– soit via un référendum interne (Conseil fédéral).
Nous n’avons pas de discipline de parti non plus. Nous avons ce que nous appelons la responsabilité collective. C’est-à-dire la responsabilité morale d’appliquer les décisions prises collectivement et de travailler dans le sens des positions de l’organisation. L’idée c’est d’essayer d’être cohérantEs et de ne pas passer notre temps à nous contredire. Ceci dit, nous avons aussi des mécanismes permettant l’expression interne de positions minoritaires et le droit au ‘opting out’ passif. Par ailleurs, tous les membres (individuellement ou comme groupes locaux) sont autonomes dans leur activité politique et font ce qu’ils et elles veulent.
Maxime oublie aussi un léger détail: le but d’un parti est de prendre le pouvoir. Ce n’est pas le but de la NEFAC. Nous ne voulons pas prendre le pouvoir au sens classique du terme (c’est-à-dire conquérir le pouvoir d’état).
À propos du terme libertaire. On dit que vous êtes autoritaires parce que vous êtes avant-gardistes et centralisateurs, parce que vous voulez maintenir l’État et instaurer une dictature de parti unique (le votre!). Dans la version anars des choses, communisme désigne la portion économique du projet tandis que libertaire fait référence au versant politique. Quand on parle de communisme libertaire, on parle donc d’un projet de société économique communiste et politiquement anarchiste, c’est-à-dire basé sur l’autogestion généralisée et le fédéralisme antiétatique. Libertaire ne fait donc pas référence à la caractérisation d’une société mais au programme politique. Une société ne sera jamais purement libertaire (ou purement autoritaire), il y aura toujours des tendances dans un sens ou dans l’autre. Ce qui importe c’est la tendance générale de l’organisation politique de la société. Nous nous voulons lui donner une twist libertaire, à tous les niveaux.
La révolution devra-t-elle être organisée? Absolument. Mais organisée ne signifie pas dirigée par un parti d’avant-garde. La révolution sera organisée, et dirigée, directement par les organes révolutionnaires que les masses se seront données elles-mêmes (probablement des conseils) pas par un parti. Est-ce que ça dispose du besoin des organisations politiques? Non. Ce que ça signifie c’est que les organisations (car, oui, il y en aura plusieurs… Je pense qu’en 150 ans on a compris qu’à l’heure de la révolution il n’y aurait pas qu’une seule organisation révolutionnaire représentant la classe dans son ensemble), que les organisations donc, poussent pour leurs idées à l’intérieur des organes révolutionnaires.
Tiens, un cadeau (c’est tout chaud): L’anarchie de A à Z: « O » comme organisation
Merci pour cette réplique. Ça amène des questions bien intéressantes.
Je répondrai dans quelques jours.
Bonjour Phébus,
J’ai lu l’article que tu donnes en référence en espérant trouver un réponse à la question que j’ai posé à Arwen plus haut mais malheureusement je n’en ai pas trouvé. Si tu as une réponse (qui pourrait être différente d’autres anarchistes) à la question que je posais plus haut et que tu n’objecte pas à la partager je serais vraiment heureux de l’entendre en plus d’une réponse d’Arwen.
-matchafa
matchafa.quebecblogue.com
@Matchafa, c’est une question éminemment complexe. Malheureusement, il n’y a rien sur le web qui me satisfasse complètement. Ceci dit, je me souviens que quand j’avais lu cette brochure écrite par les camarades de Lyon de la Fédération anarchiste, ça m’avait paru proche de mes idées.
« Je répondrai dans quelques jours. »
Max, tu attends les directives d’un cadre de ton parti? 😉
Un élément important soulevé par Phébus. La responsabilité collective vs la ligne de parti dicté par les cadres. C’est une différence fondamentale des organisations libertaires comparativement aux partis (aussi révolutionnaires peuvent-ils être). L’horizontalité des décisions collectives ne peut en rien se comparer à la transmission verticale des décisions…
@Phébus
Merci. Je vois maintenant un peu mieu le projet de société anarchiste.
Je suis totalement d’accord avec leur premier paragraphe:
« Quand on s’aventure à définir les structures d’une nouvelle organisation sociale, il y a deux écueils qu’il faut absolument éviter: être trop vague et être précis ! Être trop vague, c’est se fermer les portes de l’avenir en éloignant de nous ceux qui exigent (et c’est parfaitement compréhensible) des précisions avant de “s’engager”. C’est se condamner à l’immobilité, à la stagnation et à n’être, en définitive, qu’une secte sans importance, dont la seule activité se limite au bavardage, à la négation, à l’agitation stérile.
Être trop précis, c’est engager imprudemment l’avenir un avenir sans cesse changeant. C’est risquer d’enfermer la vie sociale dans un schéma prédéterminé, ce qui ne manquerait pas de dégénérer rapidement en un dogmatisme étroit et liberticide. »
Je crois qu’en général, les anarchistes, en mettant presque 100% de l’accent sur ce quoi elles/ils sont contre et presque 0% sur leur projet de société s’échouent trop souvent sur le premier écueil: être trop vague.
-matchafa
matchafa.quebecblogue.com
Maxime, j’attends toujours…
J’attends toujours…
En attendant, ne reculant devant rien pour faire avancer la cause, j’ai entrepris la lecture du programme du PCR pour en faire une critique. Je viens d’ailleurs d’en publier la première partie.
@phebus: Oops.. désolé ça m’était complètement sorti de la tête 🙂
Je viens de voir ton texte annoncé sur le CMAQ et ça m’a rappelé que j’avais promis une réponse ici…
Bon là je vais m’y mettre pour vrai, et je vais poster une réponse d’ici une dizaine de jours.
—-
En passant, j’ai bien aimé lire le début de ton texte, et j’ai bien hâte de lire le reste.
@Max: Faut croire qu’on aura jamais cette réponse tant attendu…Depuis ce temps Phebus a eu le temps de publier la deuxième et la troisième partie de sa critique du PCR, qui sont à mon avis d’excellentes critiques…
@Makhno: Je n’avais pas réalisé à quel point les anars aiment lire des textes maoïstes 😉 Je n’ai pas fini le texte que je voulais écrire, mais devant tant d’enthousiasme, je ne vous ferai pas plus attendre et en voici une bonne partie… Je suis confiant que ça va être en masse de polémique pour le moment 😉
NEFAC ET AVANT-GARDE
« Maxime dit que plusieurs militantEs de la NEFAC défendent le concept d’avant-garde. Je prétend que c’est faux. »
Ok je retire ça. J’avais cru comprendre que certainEs militantEs de la NEFAC soutenaient le Manifeste du communisme libertaire, mais si le camarade Nicolas dit que c’est faux, je m’obstinerai pas car il certainement mieux renseigné que moi là-dessus 😉
Par contre, cela ne change rien au fond du problème. Le mot « avant-garde » en soi n’est qu’une étiquette apposée sur un concept. Vous conviendrez qu’il est possible de rejeter une étiquette et de garder le concept qui va avec.
Nicolas dit que touTEs les militantEs de la NEFAC rejettent l’étiquette d’avant-garde. Soit. Reste maintenant la question fondamentale: est-ce que la NEFAC rejette aussi le concept d’avant-garde ?
Dans son commentaire précédent, Nicolas prétend que ses camarades et lui défendent un concept qui est différent de l’avant-garde, mais il n’arrive pas à montrer en quoi ce concept de « minorité agissante » se démarque de celui de l’avant-garde.
Il dit amener deux différences:
1. « Pour nous, l’organisation doit être une force de proposition, non de direction. »
Cet énoncé est illogique car il n’y a pas de contradiction obligatoire entre proposition et direction. Une force de proposition qui est suivie DEVIENT OBJECTIVEMENT une force de direction. La NEFAC propose parce qu’elle veut que sa ligne dirige. Point à la ligne.
Si, dans une situation donnée, la NEFAC lance une proposition parmi les masses, c’est – bien sûr – dans l’espoir que cette proposition sera acceptée. Si la proposition est largement rejetée, alors ça finit là et la proposition restera une simple proposition. Par contre, si la proposition est reprise par plusieurs, alors la NEFAC aura agi comme force de direction (idéologique ou pratique, dépendamment du cas) dans la lutte de classes.
Je présume que ce Nicolas veut dire (corrige moi si je fais erreur), c’est que l’organisation doit parvenir à donner une direction grâce à sa force de proposition, et non grâce à une quelqueconque force de coercition. Ce principe est entièrement juste, mais ce n’est pas une rupture avec la théorie communiste, car il a toujours fait partie du concept d’avant-garde défendu par les maoïstes (voir par exemple http://pcr-rcp.ca/fr/programme/13).
J’ai de la misère à comprendre pourquoi les militantEs de la NEFAC ont si peur d’appeler un chat un chat. Pourquoi ne pas faire comme vos collègues en Ontario qui me semblent (jusqu’à date) pas mal plus clairEs, par exemple lorsqu’ils et elles écrivent « Une révolution sociale réussie va nécessiter que les idées anarchistes deviennent les idées dirigeantes au sein de la classe ouvrière. » (ma traduction, texte de fondation de « Common Cause ») Ce genre d’attitude honnête rend la compréhension des différentes lignes et des débats entre elles bien plus facile, ce qui ne peut qu’être bénéfique pour la cause révolutionnaire.
2. « L’acteur révolutionnaire, ce n’est pas l’organisation, mais les contre-pouvoirs de masse qui émergeront lors d’une situation révolutionnaire. »
Effectivement. Il s’agit d’un principe marxiste de base qui a été réaffirmé avec force par les maoïstes (entre autres par le camarade Gonzalo du Parti communiste du Pérou). Donc, encore une fois, pour une « démarcation », on repassera! Je suis toujours étonné de voir à quel point certainEs militantEs connaissent mal le MLM.
Je pense qu’il y a une certaine confusion autour du concept d’avant-garde. Rappelons ce en quoi consiste ce concept, qui comprend deux constats théoriques et une conclusion pratique:
1er constat : Actuellement, les idées du prolétariat sont majoritairement dominées par la vision bourgeoise du monde.
2e constat : Il existe une minorité de prolétaires qui ont une volonté de lutter et qui ont déjà une conscience révolutionnaire (en partie à cause de leur expérience, mais surtout parce qu’ils et elles sont entréEs en contact avec la théorie révolutionnaire).
Conclusion : La méthode la plus efficace pour préparer une révolution c’est de rassembler la minorité de révolutionnaires dans une organisation distincte des masses mais étroitement liées à elles, organisation qui servira à propager la théorie révolutionnaire, à définir une stratégie et à proposer une direction dans la lutte.
Pour autant que je sache, la NEFAC soutient ces deux constats et applique cette conclusion. En effet, c’est une organisation « distincte des masses mais liée à elles » qui regroupe des militantEs déterminéEs (pour qui la politique révolutionnaire est un « choix de vie », dixit la constitution de la NEFAC) qui ont acquis une conscience révolutionnaire (qu’on appelle parfois des « solid class struggle anarchists », mais pour qui l’expression « éléments d’avant-garde » serait autant appropriée) dans le but de mener à bien « l’étude et le développement théorique, l’agitation et la propagande anarchiste, et l’intervention dans la lutte de classes » (Intro à la NEFAC). Cela fait que la réponse à la question que j’ai posée précédemment (est-ce que la NEFAC rejette aussi le concept d’avant-garde ?) est NON. La NEFAC applique le concept d’avant-garde, même si elle dit le contraire dans son discours officiel.
Plusieurs militantEs de la NEFAC assument publiquement (en évitant d’utiliser le mot maudit, évidemment) le rôle d’avant-garde de la NEFAC, en reconnaissant le fait que leur fédération a un niveau de conscience et d’organisation plus élevé que celui qu’on rencontre généralement parmi les masses (et le milieu militant) et qu’elle veut être un pôle d’attraction visant à rallier les éléments les plus avancés qu’on y trouve. Par exemple, un militant de la NEFAC-Montréal écrivait récemment :
“our experience from the CLAC, and its ever re emerging offshoots, here in Montreal is that there is only so much that you can do. There are more shitty lifestylist, anti organisational, crapthinc people out there than solid class struggle anarchists. We cannot compete with them n their terms. What we can do is out organise them, hosting our own relevant events, and generally drawing people away from the swamp.” (« rebelworker », 16/09/2007)
En conclusion, il me semble évident que la prétention de la NEFAC d’avoir développé une théorie et une pratique qui se démarque du concept d’avant-garde est une fausseté. Dans les faits, cette organisation applique le concept d’avant-garde dans la pratique et soutient ses prémisses théoriques de base. À mon avis, le refus de la NEFAC d’admettre cette réalité a deux causes à la fois : d’une part, certainEs de leurs militantEs connaissent mal – selon toute vraisemblance – la théorie de l’avant-garde, et d’autre part, il y a une volonté bien présente de déformer la réalité afin de s’attirer la sympathie de militantEs pour qui le mot « avant-garde » a une connotation négative.
J’espère que cette situation déplorable se règlera éventuellement car, pour le moment, elle amène son lot de problèmes, c’est-à-dire qu’elle répand la confusion chez plusieurs militantEs (anarchistes ou non) au sujet de questions cruciales pour le mouvement révolutionnaire et qu’elle décourage les membres de la NEFAC de considérer et d’utiliser les contributions faites par les camarades du PC chinois à la théorie de l’avant-garde (à propos de la lutte entre les deux lignes au sein du parti, la lutte contre le « quartier général bourgeois », la lutte organisée pour transformer les rapports dirigeantEs-dirigéEs, etc).
NEFAC ET PARTI
« Maxime dit aussi que la NEFAC a toutes les caractéristiques d’un parti, qu’il énumère comme suit: un programme, des conditions de membership, une structure hiérarchique, une discipline de parti. »
J’ai effectivement dit ça. En même temps, j’admets que c’est assez arbitraire comme définition d’un parti. On pourrait facilement y enlever ou ajouter des points et encore avoir des définitions valables. Le fait est que la définition de parti bourgeois est assez facile à faire. Par contre, le concept « parti » en général est pas mal flou à cause de toutes les organisations de différents types qui s’en réclament.
« je cherche encore la structure hiérarchique et la discipline de parti »
Et bien, la constitution de la NEFAC dit que vous avez un congrès où la minorité se soumet à la majorité, plus un comité de direction formé de représentantEs éluEs qui prend des décisions entre les congrès. Ce n’est pas très développé comme structure hiérarchique, mais c’est semblable à la structure d’un parti ML de même taille.
Quant à la discipline de parti – ne jouons pas sur les mots – tu viens juste d’écrire que vous l’appliquez :
« Nous avons […] la responsabilité morale d’appliquer les décisions prises collectivement »
Quant à l’autre point que tu amènes « le but d’un parti est de prendre le pouvoir », tu fais erreur là aussi. L’un des objectifs minimaux d’un parti est sans conteste de représenter un certain niveau de pouvoir (que ce pouvoir soit lié à un État ou non), mais rien ne dit qu’un parti vise à « conquérir le pouvoir d’état ».
Par exemple, dans certains pays, il y a des partis se présentent aux élections seulement pour promouvoir leur point de vue sur une question particulière, mais n’ont aucunement l’objectif de former un gouvernement.
Mais bon, passons aux choses sérieuses et considérons un cas qui nous intéressera davantage: les partis maoïstes. Premièrement, ils ne visent pas à conquérir le pouvoir de l’État bourgeois (mais bien à le détruire), et deuxièmement, leur objectif n’est pas non plus de construire un nouvel État qu’ils contrôleront, mais bien de construire un nouvel État contrôlé par le prolétariat et ses alliÉs.
Est-ce que ça veut dire que les partis maoïstes prévoient qu’ils ne représenteront aucun pouvoir sous le socialisme, qu’ils n’auront pas d’influence sur l’État prolétarien? Bien sûr que non. En tant qu’organisation d’avant-garde du prolétariat, c’est clair que le parti communiste doit avoir une place importante dans le nouvel État socialiste. Toutefois, quelle doit être sa place plus précisément, quelles doivent être ses relations avec les autres organisations dont se seront dotées les masses? Et bien, il n’y a pas une seule réponse à cette question, car ce point est loin de faire l’unanimité au sein du mouvement communiste international. Certains partis maoïstes soutiennent que le parti communiste doit être le seul parti présent dans les structures de l’État socialiste, d’autres non.
Le parti communiste du Népal (maoïste), par exemple, a fait savoir qu’il favorisait la deuxième option, et contrairement à ce qu’on pourrait peut-être penser, ce n’est pas suite à des considérations liées à la situation particulière du Népal, mais bien suite à son appréciation générale des expériences de l’URSS et de la Chine. Le PCN(m) soutient que sous le socialisme, toutes les forces anti-féodales et anti-impérialistes devraient prendre part à la compétition politique.
À PROPOS DE « L’AUTORITARISME »
« On dit que vous êtes autoritaires parce que vous êtes avant-gardistes et centralisateurs, parce que vous voulez maintenir l’État et instaurer une dictature de parti unique (le votre!). »
OK, je suis pas trop sûr de ce tu veux dire par « autoritaire », alors je vais assumer que tu utilises la définition standard (mon dictionnaire dit « Qui aime l’autorité, qui en use ou abuse volontiers »).
1) avant-gardistes :
Je ne vois vraiment pas en quoi d’appuyer le concept d’avant-garde signifie que l’on souhaite faire des abus d’autorité.
2) centralisateurs :
Je ne vois pas en quoi d’appuyer le concept d’une organisation révolutionnaire centralisée signifie que l’on souhaite faire des abus d’autorité. Les principes d’organisation d’un parti léniniste (qui sont, soit dit en passant, tout à fait démocratiques) ne viennent pas d’un désir d’exercer l’autorité, mais d’une obligation pratique pour toute organisation qui planifie sérieusement d’affronter l’État. De toute façon, la NEFAC prend déjà une partie de ses décisions de manière centralisée et elle devra le faire davantage si elle parvient à passer à un niveau supérieur dans la lutte de classes.
3) vous voulez maintenir l’État
Nicolas, je suis certain que tu connais mieux la théorie communiste que ça, alors je trouve ça assez chiant et très peu sérieux que tu écrives des choses sur les communistes que tu sais être fausses, juste dans le but de nous faire mal paraître.
4) et instaurer une dictature de parti unique (le votre!)
Hmm… Si tu fais référence au PCR, je ne sais vraiment pas où tu as pris ça. Comme je l’ai écrit plus haut, la question du « parti unique » n’est pas réglée dans le mouvement communiste international, et je suis à 99% certain que le PCR canadien n’a jamais fait connaître de position là-dessus.
À PROPOS DE LA SOCIÉTÉ DE TRANSITION
Dans mes premiers commentaires, j’ai écrit qu’au niveau sociétal, l’opposition « libertaire » vs. « autoritaire » n’existait pas, puisque nous sommes à une étape dans l’histoire où seules les sociétés de classe sont envisageables.
Nicolas m’a répondu : « Une société ne sera jamais purement libertaire (ou purement autoritaire), il y aura toujours des tendances dans un sens ou dans l’autre. Ce qui importe c’est la tendance générale »
Ok, je n’ai pas de problème avec cette nuance là. Par contre, ça passe à côté de la question : est-il vrai, oui ou non, que la société de transition entre capitalisme et communisme est une société de classe et donc, par conséquent, une dictature d’une classe sur une autre ?
« Quand on parle de communisme libertaire, on parle donc d’un projet de société économique communiste et politiquement anarchiste, c’est-à-dire basé sur l’autogestion généralisée et le fédéralisme antiétatique. »
Hmm, ça ne semble pas très clair… quand tu parles de ce projet de « fédéralisme antiétatique », est-ce que tu parles du projet défendu par la NEFAC pour une société de transition entre capitalisme et communisme, ou bien est-ce de votre projet pour une société sans classes ?
Aussi, comment pouvez-vous dire que le concept d’une communauté autogérée a le moindre sens si cette dernière a l’obligation de se soumettre aux décisions de la « fédération » ?
En passant, est-ce que la NEFAC prévoit éventuellement publier ses positions sur ce que devrait être la société après le renversement du capitalisme ? Parce que jusqu’à date, c’est pas clair du tout ce qu’on a en main. C’est bien beau dire « nous on fera pas comme les communistes », mais il me semble que les masses sont en droit de savoir qu’est-ce que vous feriez de si différent… J’avais déjà entendu dire que la NEFAC songeait à rallonger son programme/plate-forme, est-ce que c’est encore dans vos projets?
Les camarades ontariens parlent de «leadership of ideas», un concept clé de la version anglosaxonne du plate-formisme. Je ne sais pas pourquoi les anglos ont accroché là dessus dans la plate-forme alors que chez les francos ça a à peine été relevé.
Voici ce que j’écrivais il y a fort, fort longtemps à ce sujet:
Pour le reste, j’y reviendrai plus tard…
Le passage original en anglais c’est : “A successful social revolution will require that anarchist ideas become the leading ideas within the working class.”
Je suis pas mal certain que “leading ideas” ça se traduit “idées dirigeantes”.
Tiens, en attendant que j’ai le temps de te répondre, je te réfère à cet article d’un membre de la NEFAC (ça vient de ressortir dans un autre débat avec une organisation trotskyste américaine qui elle aussi nous accuse d’être une avant garde qui s’ignore… décidément!):
Why an Anarchist Organization is Needed… But Not a « Vanguard Party »
Merci, je vais lire ça avec intérêt.
DIRECTION ET PROPOSITION
C’est vrai qu’il n’y a pas de contradiction obligatoire entre proposition et direction. Ceci dit, force est de constater qu’historiquement les communistes ne se sont pas contenté de proposer. Il ne faudrait pas oublier que la troisième Internationale voyait les syndicats comme une simple courroie de transmission. Dans les pays où ils avaient une réelle influence, il est arrivé fréquement que les dirigeantEs communistes passent par dessus la tête de toutes les instances pour donner leurs consignes. Quand l’Humanité fait sa «une» avec le «il faut savoir terminer une grève» de Thorez (en 1936), ce n’est pas une proposition, c’est un ordre du parti qui passe par dessus toutes les instances des syndicats en lutte. À l’époque le PCF, même s’il avait doublé toutes les instances de la CGT avec une structure du parti, ne contrôlait pas encore totalement le syndicat. Ceci dit, c’est clair que si les coco rentrent au travail, ben la grève tombe à l’eau même s’ils n’auraient pas nécessairement gagné les votes… Par la suite ce sera encore pire, les militantEs du parti interdisant carrément –physiquement s’il le faut—les autres tendances dans les syndicats provoquant de ce fait une division durable du mouvement syndical. Alors, non, proposition et direction ne sont pas forcément contradictoire mais il faut voir de quel type de direction on parle.
Maxime dit qu’une proposition qui est suivie devient objectivement une force de direction. Je ne suis pas d’accord. D’abord, il oublie qu’une proposition peut être amendée! Ensuite, si les militantEs d’une organisation anarchiste défendent une orientation dans un mouvement et que ça trouve un écho, ça n’implique pas que l’organisation dirige le mouvement. Les anarchistes veulent gagner en influence mais ne veulent pas diriger les mouvements. Ils et elles veulent que la direction et l’orientation des mouvements soient fermement entre les mains des participantEs.
Maxime fait de la projection quand il écrit que «la NEFAC propose parce qu’elle veut que sa ligne dirige, point à la ligne». La réalité c’est que la NEFAC propose parce qu’elle veut que les luttes avancent. Nous sommes tout à fait ouvert à ce que nos propositions ne soient pas reprises ou soient amendées dans les mouvements. On n’a pas la science infuse prolétarienne nous! L’important c’est qu’il y ait des débats, qu’il y ait une élaboration collective de «la ligne» et que les mouvements développent des stratégies gagnantes de façon autonome. Nos propositions sont nos contributions à la lutte et aux débats en tant que force organisée.
Il y a un autre léger détail. La question de la loyauté première dans les luttes. Nous n’avons pas de position commune là dessus parce que la question ne s’est jamais posée mais ma loyauté première va aux masses, pas à mon organisation. Je suis d’abord un militant social avant d’être un militant anarchiste. Nous critiquons les suggestions de la plate-forme et du manifeste communiste libertaire qui s’apparentent à de la manipulation des organisations de masses. Nous refusons le travail de faction traditionnel. Nous ne nous préparons pas avant les AG ou les congrès des organisations de masse. Lorsque nous avons des responsabilités dans les organisations de masse, nous faisons tous les débats ouvertement dans les dites organisations et nous ne prenons de mandats que des instances des mouvements. L’autonomie absolue des mouvements sociaux est pour moi une position clef.
Autre détail. La définition de l’avant garde selon Maxime recouvre à peu près toutes les organisations politiques. Selon cette définition, la NEFAC est une avant garde. N’empêche. Je persiste à dire que non. L’idée même d’avant garde implique un sentiment de supériorité (nous sommes avancés, les autres sont arriérés). Nous sommes assez convaincu de nos idées et on pense qu’on a raison. Mais… On n’a pas la science infuse prolétarienne. On ne prétend pas détenir la vérité. Dans le mouvement social où je m’implique, je ne pense pas que je suis supérieur aux autres parce que je suis anarchiste, que j’ai compris quelque chose qu’ils n’ont pas compris. C’est une opinion politique. C’est mon opinion politique, bien sur, mais ça ne fait pas de moi quelqu’un d’avant garde. Dans mon mouvement, les idées et les propositions s’entre choquent et des synthèses émergent. Ça n’arrive à peu près jamais que mes propositions sont reprises telle quelle. Et imagine toi donc que ça m’arrive souvent de changer d’idée à la lumière des arguments des autres ou suite à des expériences sur le terrain. L’avant garde, dans mon mouvement, ce ne sont pas les quelques militantEs organisés politiquement. L’avant garde ce sont l’ensemble des militantEs qui sont en pointe dans la lutte. Ceux qui proposent un ligne autonomiste et radicale, basée sur le rapport de force et sur l’implication la plus large possible de la base. Ce sont eux qui animent la lutte, qui font vivre le mouvement, pas les organisations politiques. Notre rôle n’est pas de diriger le mouvement, ni même de proposer une orientation, mais de contribuer à animer ce pôle combatif.
NEFAC ET PARTI
Maxime pense que le Conseil fédéral de la NEFAC est une structure hiérarchique parce qu’elle est composée de représentantEs éluEs pour prendre les décisions entre les congrès. Il y a ici de la confusion! Le Conseil fédéral n’est pas un comité exécutif. Ce n’est même pas vraiment une structure et, de plus, elle est pas mal tombée en désuétude. Le principe est fort simple. Un groupe local fait une proposition. Chaque autre groupe est sensé en parler et voter dessus. Quand le quorum est atteint, la proposition est acceptée ou rejetée à majorité. Le rôle des délégué est simplement de communiquer le vote de leur groupe sur une liste électronique spéciale appelée «conseil fédéral»!
La réalité c’est que la NEFAC est un réseau horizontal. Chaque groupe est autonome. Toutes les décisions à tous les niveaux sont prises en assemblée générale. Il n’y a aucune structure de délégation! Pour la hiérarchie, on repassera.
* * *
Je ne savais pas qu’il y avait un débat sur le pluralisme révolutionnaire au sein du mouvement maoïste. J’espère juste que ça dépassera le «pluralisme» que l’on retrouvait dans les «démocratie populaires»…
À PROPOS DE « L’AUTORITARISME »
Pour être sur que l’on parle de la même chose :
Autoritaire désigne la relation d’un individu, d’une entité ou d’un groupe qui manifeste le désir de soumettre un autre individu ou un autre groupe à son commandement, et ne laissant ainsi aucune liberté aux personnes soumises (de gré ou de force). Se dit communément d’une personne qui use de sa force, de son attitude afin de dominer, et, plus généralement, pour ceux qui se réclament de l’autorité et la justifient, ainsi que les institutions sociales et symboliques qui la soutiennent. (Source : Anarchopedia)
Je pense que le projet de dictature du prolétariat est un projet autoritaire. Et, pour ce que j’en connais, je pense que votre structure interne est globalement autoritaire (attention, ne me demande pas de faire un dessin, ça pourrait être laid!).
À PROPOS DE LA SOCIÉTÉ DE TRANSITION
Juste pour être clair, les anarchistes refusent le concept de société de transition. La transition, c’est la période révolutionnaire, la révolution elle-même. Si, après le triomphe de la révolution, subsiste une société de classe, si on est pas embarqué dans un processus clair d’abolition des classes, c’est que la révolution a échouée et que le capitalisme sera restauré à plus ou moins brève échéance.
Si la révolution triomphe, c’est que nous aurons abolit les classes sociales. Il pourra rester des individus d’origine bourgeoise, ou petite-bourgeoise, qui devront s’intégrer à la société sans classe mais pas de bourgeoisie à proprement parler. À l’interne, il n’y aura pas de dictature d’une classe sur une autre puisque les deux principales classe devraient normalement être en processus de dissolution. Ce qu’il y aura c’est l’autogestion généralisée. Évidemment, la révolution ne triomphera probablement pas en même temps partout et il est fort probable qu’il y ait une guerre révolutionnaire.
Nous n’avons pas de plans pour la société de transition. Il n’y aura pas de transition! Il y aura rupture nette, coupure entre les deux régimes, puis ensuite évolution graduelle. Dès le début, il faut jeter les bases de la nouvelle société : expropriation complète des capitalistes et socialisation de l’économie sur la base du contrôle ouvrier et de l’autogestion, abolition des privilèges et instauration de l’égalité économique et sociale, destruction de l’État et remplacement par le pouvoir des conseils fédérés, etc.
Un jour, la NEFAC adoptera peut-être un programme… Le problème c’est qu’il y a toujours eu plus urgent à faire. Comme tu vois, il y a une limite au leadership des grandes gueules 😉
J’ai clairement l’impression de me répéter 😉 mais voila une réplique fort intéressante, qui répond à certaines de mes questions, et qui en amènent d’autres…
— paranthèse par rapport à cette page vs. forum de l’ASSÉ —
1) Au cas où ce détail aurait de l’importance pour toi ou qqn d’autre, c’est effectivement moi qui écrit sous le pseudo « François » sur le forum de l’ASSÉ. Pourquoi ne pas avoir repris le même pseudo pour clarifier? Simplement parce que j’y ai juste pas pensé et aussi que je pensais pas que les 2 discussions se croiseraient.
2) Je n’ai pas de problème à ce que tu aie mis un lien vers cette discussion sur le forum de l’ASSÉ, mais je tiens quand même à faire remarquer que ce n’est pas pour rien que j’ai écrit les lignes ci-dessus de manière informelle sur un site relativement peu fréquenté (du moins, c’est ce qu’il me semble –sans vouloir t’offenser Arwen). L’idée, c’est que je voulais (et je veux encore) collecter des infos et confronter des idées avant d’écrire une critique présentée de façon plus « officielle » (démarche qui aurait été également fort utile pour la critique publié sur Voix de Faits, soit dit en passant). En fait, je pense que dans le meilleur des cas, de telles démarches de discussion devraient avoir lieu de façon organisée et pas forcément publique. Mais bon, ça me dérange pas du tout s’il y a des gens qui s’intéressent à ce début de débat.
Là par contre, je promettrai aucun délai 😉 pour cette critique plus « officielle » (déjà que j’ai amplement pas respecté ceux que je m’étais fixé précédemment). Première raison, je n’ai même pas fini moi-même de faire mes devoirs là-dessus (entre autres, finir de me taper la lecture de ça, ça et ça) et deuxièmement, j’ai l’intention de demander l’avis d’autres camarades — et dieu sait à quel point ça peut prendre du temps en criss à des maoïstes pour écrire un texte de fond.
— fin de la paranthèse —
Je vais pas répondre au complet tout de suite, mais pour donner une première idée:
– Va falloir que je réfléchisse davantage à la question « Nefac et avant-garde ». Les paragraphes 1, 2, 3 et 5 de ton post ne m’ont pas du tout convaincu à date, mais par contre les deux phrases « Nous ne nous préparons pas avant les AG ou les congrès des organisations de masse. Lorsque nous avons des responsabilités dans les organisations de masse, nous faisons tous les débats ouvertement dans les dites organisations et nous ne prenons de mandats que des instances des mouvements. » viennent définitivement de semer un doute dans mon esprit.
– Ok, je me suis planté sur la question de la hiérarchie. Le « conseil fédéral » de la Nefac n’est définitivement pas ce que j’avais imaginé en lisant sa constitution (c’était un peu dur à imaginer je trouve, en t-k). Va falloir que je repense à mes affaires concernant la question « Nefac et parti ».
– Sur l’autoritarisme, merci pour la définition que tu cites, ça rend la question plus claire. Par contre, je suis (évidemment) en désaccord avec tes conclusions. À suivre.
– Sur l’étape de transition, j’ai énormément de difficulté à voir comment ce que tu as décris serait possible. En tout cas, pour le moment je répliquerai sur cette base là, après on verra si vous avez des précisions.
Bon, ben, j’ai hâte de lire une éventuelle critique de fond venant de toi…
Si tu permets, j’aimerais moi aussi ouvrir une parenthèse.
J’espère que tu as noté que ma critique sur Voix de faits est signée. Ça signifie que ça n’engage q
Oups! @#$%(&%# d’ordino. Bon, on recommence…
Je disais donc que la série «Une critique anarchiste du PCR» est une oeuvre personnelle. C’est mon dada, il ne faut pas tenir mes camarades responsables!
Ça faisait un petit bout que je voulais faire une critique du PCR. Il arrive régulièrement que, dans le feu de l’action ou sur des sujets d’actualité, on tombe d’accord. C’est curieux. Surtout que je sais que je ne suis pas d’accord sur le fond. Le problème c’est qu’une critique générale du marxisme-léninisme ne colle pas. Il y a toujours des objections et c’est toujours sujet à interprétation. Alors je me suis mis en tête de ne me baser que sur les textes émanant officiellement du PCR. J’ai consciemment choisi de m’en tenir au Programme. Premièrement, parce que je n’ai pas envie de faire d’archéologie. Deuxièmement, parce que je suis certain que le Programme représente bel et bien la position collective et officielle du PCR. En le lisant plus en profondeur (et non, ce n’est pas la première fois que je le lis!) je me suis rendu compte que les désaccords étaient plus profond. Au début, c’était supposé d’être short and sweet mais bon, ça prend de l’ampleur et ça enfle!
Évidemment, c’est polémique! C’est l’un des buts de l’opération. Tant qu’à écrire une critique, aussi bien y trouver du plaisir et que ce soit plaisant à lire. Tant mieux si ça pique et ça froisse des gens. Ça les force à défendre leur position et à les voir sous un angle neuf. Et ce n’est pas de ma faute s’il y a un décalage entre votre programme officiel et votre pratique et vos positions réelles…
Ceci dit, Voix de faits c’est un blogue. Par définition c’est éphémère, un peu brouillon. Si jamais ça sort dans un autre format, c’est sur que je vais faire une refonte et que je vais polir le texte. Par contre, même dans son format brut, l’essentiel est là.
Tiens, pour tes études, Wayne Price vient (encore!) de publier un nouvel essai:What is Anarchist Communism?
Nicolas, sais-tu quand tu vas publier les dernières parties de « Une critique anarchiste du PCR »?
Je pose la question parce que le BIP! du PCR vient de me donner la tâche d’écrire une réponse (eh oui, apparemment c’est moi qui aura cet honneur!) et je voudrais avoir une idée quand je vais pouvoir m’y mettre (question de planifier mon agenda à l’avance).
Si t’as une idée de quand tu finiras la série, je te serais reconnaissant de m’en informer.
Haïe, j’ai réussi à secouer assez de puces pour mériter une réponse… cool! (j’aurais dû faire plus attention à ce que j’écrivais…)
Ah merde, ça veut dire qu’il va falloir que je me replonge dans votre programme? 😉
Bah, sérieux, je vais essayer de faire ça vite. Disons, d’ici un mois max?
J’ai hâte de te lire. D’ailleurs, qu’est-ce qui arrive avec la critique plus officielle dont tu parlais ici même?
Mon seul regret est de ne pas être certain de savoir exactement à qui j’ai affaire.
« Bah, sérieux, je vais essayer de faire ça vite. Disons, d’ici un mois max? »
Merci, c’est apprécié que tu me donne une idée.
« D’ailleurs, qu’est-ce qui arrive avec la critique plus officielle dont tu parlais ici même? »
J’ai deux choses en tête pour être plus précis.
De un: la réponse à ton texte « une critique anar ». Ça devrait pas me prendre trop de temps à l’écrire, mais je ne sais pas encore quand le PCR va décider de l’imprimer. (Mon guess ça serait février ou mars).
De deux: un texte plus poussé sur les divergences entre anarcho-communisme et MLMisme. Ça, ça va définitivement prendre plus de temps, parce que ça demande de la recherche/débat et qu’il y a beaucoup d’autres projets à faire. (Mon guess ça serait dans une dizaine de mois.)
« Mon seul regret est de ne pas être certain de savoir exactement à qui j’ai affaire. »
Même si je change (peut-etre trop…) de surnom sur internet, je suis pas parano au point de pas vouloir que tu me replaces (quoique je pense qu’on s’est jamais rencontrés…) Anyways, c’est juste pour dire que si jamais on se croise à quelque part je viendrai te saluer (jvais pas souvent à Québec par contre!)